Séminaire du Carism « Écologie et sémiotique : pour un partage des signes »
Des disciplines comme l’éthologie, la biologie, la linguistique et la sémiotique s’accordent sur les capacités d’autres êtres vivants à communiquer et à énoncer. L’énonciation ouvre ainsi aux activités de production d’un « ensemble de signes donnés à interpréter à autrui, avec une intentionnalité particulière » (Pignier 2018 : paragraphe 9). L’écosémiotique, croisement entre écologie et sémiotique, constitue ainsi un champ interdisciplinaire fécond pour comprendre ces énonciations par-delà l’humain. Elle envisage les écosystèmes comme des systèmes communicatifs et souligne le caractère coextensif entre le vivant et la sémiose. Elle permet également d’éclairer la circulation sociale de la notion de trace (Jeanneret, 2013) : dans un contexte de destruction de la biodiversité, la trace non-humaine (re)devient tout à coup signifiante. Les sémioses humaines, quant à elles, sont signalées comme responsables des dégradations environnementales de grande ampleur (Maran et Kull 2014). Les critiques formulées au concept d’anthropocène trouvent ici un écho : ce n’est pas l’humanité dans son ensemble qui est à l’origine des dégradations, mais une partie de l’humanité. Notre réflexion se joint à celle des chercheur·es qui appellent à l’émergence d’« un autre rapport moral et politique avec l’ensemble des êtres vivants et avec les milieux naturels » (Boursier et Guimont 2023 : 18). L’objectif de ce séminaire est de réfléchir à la manière dont les urgences écologiques font évoluer nos systèmes de signification, ainsi qu’à la manière dont les matérialités signifiantes participent à l’émergence d’une écologie de la continuité (questionnant des dichotomies comme sujet-objet, nature-culture, identité-altérité, animé-inanimé, humain-non-humain, etc.).