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Smidge. Seminar: The Hybridization of Conspiracy Theories, Misinformation, and Extremism on Social Media

Smidge. Seminar: The Hybridization of Conspiracy Theories, Misinformation, and Extremism on Social Media
Hybridization of Extremism: Insights from the SMIDGE Seminar
Dusan Bozalka, doctorant, a présenté ses travaux sur les récits extrêmistes dans le cadre du projet SMIDGE à l’Université de Copenhague les 16 et 17 mai 2024.

Ce projet, financé par l’UE dans le cadre d’Horizon Europe, explore les conséquences des récits extrémistes, dont complotistes, sur les populations d’âge moyen (45-65 ans) issues de plusieurs pays. Le projet SMIDGE vise ainsi à mieux comprendre pourquoi les individus d’âge moyen, catégorie sociologique souvent sous-représentée dans la recherche, sont particulièrement susceptibles d’adhérer aux récits extrémistes et complotistes, tout en soulignant les effets néfastes de ces derniers lors de processus démocratiques. À ce titre, l’un des objectifs formulés par les membres du projet est de fournir aux décideurs politiques des outils précieux, tels que des contre-récits adaptés aux populations étudiées, dans la lutte durable contre ces phénomènes de radicalisation en ligne.

Ces thématiques sont proches des recherches effectuées par Dusan Bozalka, portant sur la production de contenu complotiste dans des espaces socionumériques multiplateformes et transnationaux. Sa présentation s’est ainsi concentrée sur l’utilisation des affordances technologiques, c’est-à-dire les possibilités et contraintes offertes par les environnements numériques, par les adhérents du contre-public QAnon en vue d’une circulation accrue de leurs récits. Celle-ci visait d’abord à retracer l’origine et l’évolution de QAnon sur les forums hébergés par 4chan, 8chan et 8kun, des espaces numériques déjà connus pour des opérations de manipulation de l’information. Sa présentation s’est également penchée sur le rôle instrumental de Q — en tant que meneur — dans la création des récits complotistes portés par le contre-public. En effet, celui-ci ne cherchait pas à procéder à la création d’une mégathéorie du complot, mais visait davantage à fusionner divers récits complotistes et pro-Trump à dessein de gagner le soutien des utilisateurs de 4chan, alors connus sous le nom de Anons.

Ces mêmes Anons se sont ensuite attelés à utiliser les affordances émotionnelles et algorithmiques des réseaux socionumériques traditionnels (Facebook, Twitter, Reddit et YouTube), en vue d’étendre la circulation des récits défendus. C’est notamment ce que montre le cas lié au hashtag hacking du mot dièse #SaveTheChildren, alors que le contre-public est parvenu à coordonner l’utilisation massive dudit mot-dièse en faveur de son inclusion dans les tendances de la plateforme Twitter. Parallèlement, les Anons ont réussi à en saturer les messages d’accusations à l’encontre des élites libérées et occidentales, selon lesquelles ces dernières formeraient un État profond pédosatanique. La pandémie de Covid-19 coïncide par ailleurs avec la relocalisation du contre-public sur des plateformes alternatives (Telegram, Odysee, Truth Social, etc.), mais aussi avec l’apparition de Anons publiant du contenu complotiste en langues européennes (français, allemand et italien). À cet effet, deux exemples européens, Qlobal et Les DéQodeurs, illustrent comment les récits de Q sont traduits et adaptés par des acteurs complotistes européens, utilisant à leur tour les affordances des plateformes numériques.

Cette intervention visait tout particulièrement à souligner l’importance de facteurs microsociologiques relatifs à l’utilisation individuelle des affordances technologiques. De fait, les ambitions entretenues par les acteurs complotistes, leur capital culturel ou encore leur appartenance à des espaces sociolinguistiques influencent tangiblement leur utilisation des espaces socionumériques multiplateformes. En guise de conclusion, Dusan Bozalka tenait à souligner que Q et les Anons n’ont pas seulement favorisé la création des principaux récits du complotisme contemporain, mais ils ont également encouragé de nombreux acteurs transnationaux à émuler, adapter et perfectionner l’utilisation stratégique des technologies numériques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.smidgeproject.eu/post/hybridization-of-extremism-insights-from-the-smidge-seminar